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L’Association des Médecins Urgentistes de France soutient la grève du 22 mars . Les services d’urgence au bord de la rupture. Le témoignage de Patrick Pelloux.

Les conditions de travail des personnels hospitaliers, notamment des urgentistes, ne cessent de se dégrader du fait d’un manque de moyens et d’un management délétère.

Le mot d’ordre des directions est de faire toujours plus avec moins. Alors que l’activité des services d’urgences de cesse d’augmenter d’année en année du fait de l’absence de réponse adaptée en ville et dans les EHPAD, la seule réponse de nos directions administratives, et souvent médicales, imposées par le gouvernement via les ARS, est la fermeture de services, le regroupement régional des SAMU et la suppression de lits et de postes… pour répondre aux fameux « plans de retour à l’équilibre ».

L’argument invoqué de la faible activité de certains services n’est pas acceptable. Un service d’urgence n’est pas là pour faire du chiffre mais « au cas où » une urgence se présente. Le seul critère de qualité est la nécessité de l’existence d’un service d’urgences ouvert 24 h sur 24 à moins de 30 minutes du domicile de tout citoyen.

Cette situation est intenable et se traduit par la multiplication des conflits dans un nombre croissant de services d’urgence.
La seule réponse du gouvernement est de multiplier les actions de communication, comme à Eaubonne ou à Nevers, pour essayer de nous rassurer avec la promesse de réformes qui ne répondent absolument pas aux besoins.

Notre système de santé souffre d’un manque criant de personnels et de moyens.

Ce dont nous avons besoin n’est pas d’une modification du mécanisme de la T2A qui revient à changer la couleur de la corde qui nous étrangle mais bien d’un arrêt des plans d’économie et d’une augmentation des budgets hospitaliers.

 L’argent existe : il suffit de supprimer un impôt injuste prélevé sur les hôpitaux qui s’appelle la taxe sur les salaires et qui rapporte 4 milliards d’euros à l’Etat. Ce n’est pas le choix qu’à fait le gouvernement, il a préféré supprimer l’ISF pour un même montant de 4 milliards. Cherchez l’erreur !

L’AMUF exige :

  • Un arrêt des fermetures de services d’urgence et de SAMU, ainsi que de toute fermeture de lits.
  • Un arrêt des plans d’économie et autres réductions budgétaires dans les hôpitaux.
  • La mise en place avec les facultés de médecine de plans régionaux de formation de médecins urgentistes pour les postes prioritaires, afin de maintenir un maillage territorial de services d’urgence et de SAMU permettant s’assurer la sécurité de la population.

Communiqué du 5 mars 2018

Crise aux urgences : manque de lits généralisé

Revue de presse du 16 mars 2018 – les urgences toujours sous tension

Cette semaine encore les services d’urgences sont marqués par une saturation. Manque de lits, salles d’attentes bondées… Pas une région ne semble épargnée. Nous assistons à une crise hospitalière qui s’amplifie et se pérennise et dont les urgences en sont à la fois le reflet et le catalyseur.

« On ne me donne pas les moyens de travailler » Patrick Pelloux raconte à Brut.fr son dialogue de sourds avec l’Agence régionale de Santé.

Lors d’une réunion à l’Agence Régionale de Santé d’Île-de-France, le médecin note le clivage entre les récits des professionnels des services des urgences d’Île-de-France, qui parlent de leurs vécus sur le terrain, les salles d’attente bondées, le manque de lits, le rythme effréné du personnel de l’hôpital, et la réponse des "technocrates" de l’agence, "formatés dans le moule de la technostructure".

Un reproche que Patrick Pelloux adresse aussi à la Ministre de la Santé, avec qui il estime que le dialogue est impossible : "Elle a fait toute sa carrière de technocrate, elle a gravi toutes les structures, c’est une experte (…) donc, vous ne pouvez pas parler avec elle." Il dénonce une administration qui refuserait de prendre en compte les expériences et les demandes des membres du personnel hospitalier, et de réfléchir avec eux à de nouvelles solutions.

Un manque de moyens difficile pour le personnel, les patients et les familles
Pour Patrick Pelloux, le système hospitalier français, et notamment les urgences, traverse une crise grave. Il reprend les chiffres des passages aux urgences : "À peu près sept à huit millions de personnes passaient aux urgences en 1988-1990" contre plus de vingt-et-un millions aujourd’hui. Et face à cette augmentation du nombre de patients à prendre charge, une diminution de moyens. En effet, des dizaines de milliers de lits d’hospitalisation ont déjà fermé. Un manque de moyens impossible à supporter pour le personnel de l’hôpital : "On ne donne pas les moyens de travailler et d’avoir les moyens des missions de service public pour lesquelles on a été faits."

Ce manque de moyens a parfois des conséquences dramatiques, souvent relatées dans les faits divers. Lundi 12 mars, une femme est décédée aux urgences du CHU de Rennes, une heure après son admission et avant même de pouvoir être auscultée.

En Bretagne la crise hospitalière s’intensifie.

Le manque de moyens a parfois des conséquences dramatiques. Lundi 12 mars, une femme est décédée aux urgences du CHU de Rennes, une heure après son admission, avant même de pouvoir être auscultée.

Les syndicats ne sont pas surpris qu’un tel drame se soit produit. Ils témoignent auprès de France Info, de locaux trop exigus et d’un manque criant de personnel. « Ça peut se reproduire si on ne change pas les conditions d’organisation de travail et le nombre de collègues dans ce service », affirme Bertrand Audiger, élu au CHST.

Christian BRICE, délégué AMUF pour la Bretagne, revient sur cet événement reflet de la crise sanitaire qui touche les urgences bretonnes et alerte sur le manque de lits d’hospitalisation.

Il n’y a plus de lits hospitaliers. (…) Il faut que le gouvernement recule et redonne de l’argent à l’hôpital public !

 Article de Ouest France du 14.03.2018 :

La femme, âgée de 60 ans, avait été installée sur un brancard dans l’attente d’une auscultation par un médecin, lundi, aux urgences du CHU de Rennes. Des pompiers ont constaté le malaise et donné l’alerte. Mais il était trop tard.

Les urgences du CHU Pontchaillou de Rennes ont connu une nouvelle saturation, lundi après-midi. Des dizaines de personnes se sont rendues, au même moment, dans le service pour recevoir des soins.

Parmi les patients, une femme de 60 ans, admise suite à un appel au Samu, pour des douleurs abdominales, précise la direction du CHU. Elle était allongée sur un brancard dans un sas d’attente avant d’être examinée par un médecin.

Soudain, « des pompiers qui étaient là, près du guichet, se sont inquiétés. Ils venaient de s’apercevoir que la dame ne respirait plus, raconte un témoin. Ils ont prévenu immédiatement le personnel de l’hôpital. Tout s’est passé très vite ensuite. » La patiente a été transportée dans une autre salle pour être prise en charge.

Autopsie et réunion du CHSCT

Mais il était déjà trop tard. La sexagénaire n’a malheureusement pas survécu. Le drame a provoqué des interrogations parmi le personnel.

Une autopsie médicale sera pratiquée, comme le permet le Code de la santé publique, afin de comprendre les circonstances du décès, survenu seulement une heure après l’arrivée de la patiente. La famille de la défunte a été reçue par les responsables des urgences, hier. Le comité d’hygiène, de sécurité et dans des conditions de travail va se réunir d’urgence mercredi.

100 patients présents dans le service

Lundi, l’équipe médicale et soignante était au complet et devait assumer la prise en charge de « près de 100 patients présents dans le service dont 70 admis les cinq heures précédentes », précise la direction du CHU. Le personnel faisait également face « à la présence simultanée d’urgences avec mise en jeu du pronostic vital, nécessitant une prise en charge immédiate ».

En clair, les urgences étaient saturées avec des cas graves. Les médecins et le personnel soignant constatent une augmentation permanente du nombre de patients dans le service.

« Manque de moyens »

« Le personnel est souvent dans une impasse et doit pallier le plus urgent, rappelle Fabrice Lerestif, du syndicat FO. Nous dénonçons depuis longtemps le manque de moyens pour une bonne prise en charge des patients, notamment aux urgences du CHU de Pontchaillou. »

« On est très souvent sur le fil »

« Le personnel s’épuise, avec les injures et les menaces par les familles mécontentes à cause de l’attente, poursuit Philippe Blin, responsable FO du CHU. Les gens passent des heures dans la salle d’attente, sur les brancards. On est très souvent sur le fil. Ces problèmes, on les connaît depuis longtemps. »

Vichy : les urgences au bord du burn-out

En début de semaine nous présentions sur ce site la situation des urgences de Vichy arrivées à saturation. La mobilisation était alors en cours d’organisation. Les syndicats de personnel faisaient passer une pétition aux personnels pour connaître leur avis sur un éventuel mouvement de grève. C’es chose faite. Le personnel est en grève ce vendredi pour réclamer des moyens supplémentaires.

Il faut que les gens sachent ce qui se passe dans nos services !

C’est le cri du cœur lancé ce matin sur Radio Scoop par David Dall’Aqua, le chef du service des urgences de l’hôpital de Vichy.

Le personnel est en grève ce vendredi pour réclamer des moyens supplémentaires.

Il faut que les gens sachent ce qui se passe dans nos services !

C’est le cri du coeur lancé ce matin sur Radio Scoop par David Dall’Aqua, le chef du service des urgences de l’hôpital de Vichy.
Excédé par la détérioration des conditions d’accueil des patients, il sera présent sur le piquet de grève qui sera dressé entre 11h et midi aujourd’hui à l’entrée de l’hôpital.
Le personnel des urgences est excédé. Hier par exemple, il y avait 18 patients pour 10 lits...la veille 26.
Impossible donc dans ces conditions de traiter décemment ceux qui poussent les portes du service.

Une patiente décédée sur un brancard

"Aujourd’hui, on n’est plus en mesure d’apporter des soins de qualité". Le chef de service des urgences parle même de "maltraitance des patients. La semaine dernière, une personne âgée, gravement malade, est décédée sur un brancard dans un couloir. C’est indigne de notre service des urgences. Elle a particulièrement et profondément marquée le personnel soignant."

Les syndicats dénoncent la dégradation des conditions de travail et la course aux économies. Ils réclament des moyens supplémentaires.

La réponse de la direction

De son côté la direction a fait savoir dans un communiqué que la situation semblait s’améliorer, mais qu’elle restait mobilisée.
Des travaux sont prévus cette année dans le service des urgences pour augmenter la capacité des box, et limiter l’usage des brancards stationnés dans les couloirs.
La direction de l’hôpital rappelle aussi que les recrutements de médecins urgentistes sont compliqués dans l’ensemble de la région Auvergne.

Bourges : Les urgences saturées depuis une semaine AFP

Le centre hospitalier Jacques-Coeur de Bourges est saturé. Depuis une semaine, les nombreux patients qui s’y présentent ne peuvent pas tous être reçus, et attendent parfois plusieurs heures. (…) La directrice adjointe Audrey Aulibert attribue cette saturation « à un afflux de patients pour hospitalisation. Or, il n’y a plus de lits. Là, tous nos lits sont ouverts et occupés. Ça représente un millier de places, hôpital de jour compris. Et c’est partout pareil ».(…)

Une femme présente aux urgences, interrogée par le quotidien régional, raconte :

On a peine à croire ce qu’on voit : il y a des gens partout, assis, debout, couchés, plein les couloirs. Je ne sais pas comment les médecins et les personnels parviennent à continuer à travailler

Le centre hospitalier a activé le plan « Hôpital en tension » : du personnel a été rappelé, des lits supplémentaires ouverts et les interventions n’ayant pas de caractère urgent ont été déprogrammées.

Après plusieurs droits d’alerte, les soignants, épuisés, ont déposé un préavis de grève pour le 20 mars.

La région Grand-est est elle aussi impactée.
Il y a 10 jours, le centre hospitalier de Troyes déclenchait le plan blanc. La semaine dernière une femme décède sur un brancard aux urgences de Reims. Cette semaine nous apprenons que ce sont les urgences de Verdun qui « débordent » et que l’ensemble des services d’Alsace sont déclarés en tension.

Depuis le week-end dernier, le plan d’urgence « Hôpital sous tension » a été déployé au centre hospitalier de Verdun. Cette situation très rare est due à un nombre de prises en charge par les services d’urgence bien supérieure à la moyenne. « Nous avons fait face à une recrudescence de l’épidémie de grippe B, le département étant encore en seuil épidémique », explique le directeur de l’établissement Christophe Arnould. « Cependant, comme nous avons maintenu la situation sous contrôle, nous n’avons pas voulu communiquer ces difficultés passagères au grand public. » Face à ces difficultés passagères, du personnel a été rappelé en urgence pour répondre aux besoins. (…)

L’ensemble des services d’urgences d’Alsace déclaré en tension

Tous les services d’urgence hospitalière d’Alsace se sont signalés auprès de l’Agence régionale de santé Grand Est comme en tension. Du nord au sud de l’Alsace, les urgences hospitalières sont dans le rouge. Si cette situation est malheureusement assez fréquente dans les gros centres hospitaliers comme Strasbourg ou Mulhouse, elle est plus inédite dans des services plus petits, comme ceux de Saverne, Guebwiller ou encore Haguenau. (…)

Dans d’autres établissements comme aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg, où le plan Hôpital en tension comportant quatre niveaux, a démarré le 1er janvier, il a fallu recourir le 4 mars à la déprogrammation de patients. « C’est le niveau 4 de notre plan Hôpital en tension, explique Franck D’Attoma, directeur général adjoint des HUS. (…) Il estime que grâce à ces mesures, la situation reste sous contrôle. Mais il reconnaît qu’il y a un problème lié à l’état des patients accueillis aux urgences. « Ce sont essentiellement des personnes âgées : en dix ans, la part des plus de 70 ans a augmenté de 60 % aux urgences. Et ce sont des patients plus fragiles avec d’autres pathologies. »

Un point que confirme le Pr Pascal Bilbault, chef de service des urgences médico-chirurgicales adultes aux HUS. « La population vieillit et cela se voit au niveau des urgences. (…) » Cette semaine, sept patients sur dix étaient âgées de 80 ans et plus. » Or, il manque de lits de gériatrie. « On a atteint la limite avec des ambulances qui attendent pendant trois ou quatre heures qu’un brancard se libère » et il prévient ; « ce n’est que le début de la vague d’une population de plus en plus vieillissante. Il faut que les autorités anticipent ce phénomène. »

Article publié le 16 mars 2018.


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