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Dangereuse , hypocrite et contre-productive ce sont les adjectifs utilisés par le prix nobel de physique 2007 Albert Fert pour qualifier la réforme Pécresse de l’université et de la recherche.

Plusieurs organisations syndicales universitaires et le mouvement Sauvons la Recherche ont lancé un l’appel à l’action contre les projets de lois préparés par Valérie Pécresse.

Albert Fert, prix Nobel 2007, signe en compagnie de trois autres universitaires et chercheurs une lettre ouverte reproduite ci-dessous, qui critique sévèrement les projets du ministère, les qualifiant de « mesures incohérentes et contraires à l’ambition affichée. »

 Par : Bruno Chaudret, chimiste, membre de l’Académie des sciences, directeur de recherche, Albert Fert, physicien, prix Nobel 2007, professeur, Yves Laszlo, mathématicien, professeur, Denis Mazeaud, juriste, professeur.

Depuis des mois, le gouvernement proclame sa volonté de réformer le système de l’enseignement supérieur et de la recherche pour le hisser au meilleur niveau mondial.

De nombreux représentants de la communauté scientifique, parmi lesquels des signataires de ce texte, ont manifesté un grand intérêt pour ce projet et ont proposé de nombreuses pistes de réflexion. Le ministère les a pieusement écoutés pour ensuite ne tenir aucun compte de leurs suggestions et remarques. Et les orientations finalement retenues, souvent en contradiction avec le but affiché, sont extrêmement préoccupantes.

Ainsi, alors que l’objectif affiché est l’excellence de nos universités et de notre recherche, alors que Mme Pécresse a proclamé sa volonté de porter nos meilleurs établissements aux premiers rangs du fameux classement de Shanghai, comment comprendre que les réductions d’effectifs annoncées touchent notamment les universités les mieux placées dans ce classement ?

Le ministère réplique que ces suppressions de postes pourront être compensées par la possibilité de moduler la charge d’enseignement des universitaires en fonction de leur activité de recherche, possibilité qu’introduit un récent projet de décret. Une modulation des services, dans son principe, pourrait avoir l’intérêt de réduire la lourdeur de la charge d’enseignement qui handicape l’activité de recherche de nombreux universitaires, notamment vis-àvis de certains collègues étrangers. Mais ses modalités de mise en oeuvre en font une mesure dangereuse, hypocrite et contre-productive.

La modulation envisagée est dangereuse : elle dépend du seul pouvoir du président d’université et de son conseil d’administration, nullement liés par l’avis seulement consultatif du Conseil National des Universités. Cet organe représentatif, chargé de l’évaluation des universitaires, tire pourtant sa légitimité de son indépendance à l’égard du pouvoir central (ministère) et des pouvoirs locaux (président et conseils d’université) ainsi que de sa composition, qui garantit une évaluation des universitaires par des pairs compétents, ce qui est indispensable à toute évaluation impartiale et équitable. En le confinant à un rôle subalterne et en conférant des pouvoirs exorbitants aux présidents d’université, la réforme porte gravement atteinte au principe d’indépendance des universitaires.

 Lire la Tribune dans son intégralité :

Tribune du Prix nobel de physique Albert Fert.

Article publié le 4 février 2009.


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