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GRAND MARCHÉ TRANSATLANTIQUE Un traîté contre les peuples, l’environnement et la démocratie.

Le 22 mai dernier un débat s’est tenu à l’Assemblée nationale sur le traité de libre-échange transatlantique, de très nombreuses organisations de la société civile européennes avaient rendu publique le 21 mai, une déclaration commune dénonçant la menace que fait peser ce traité sur les peuples, l’environnement et la démocratie.

 Lire la déclaration commune : "Les peuples, l’environnement et la démocratie avant les profits et les droits des multinationales."
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Déclaration commune.

 Wolf Jäcklein, responsable du Département international de la CGT, revient sur l’importance de se mobiliser pour empêcher que nous soit imposée cette alliance entre l’Union européenne et les Etats-Unis d’Amérique conclue dans l’opacité la plus totale :

La CGT et de très nombreuses organisations de plusieurs pays d’Europe publient ce mercredi 21 mai un appel dénonçant le traité transatlantique. En quoi ce traité concerne-t-il les salariés français ?

  Wolf Jäcklein : L’actualité nous le montre très bien : la situation des travailleurs est très peu déterminée par l’action des États-Nations, elle est beaucoup plus le fait de l’action des entreprises multinationales.

Chacun voit bien, par exemple, que des entreprises comme Ascometal ou Alstom sont le jouet d’intérêts qui dépassent les États et que face aux dangers que fait peser la loi du marché sur l’emploi et le développement, il nous bâtir une autre Europe. Si le projet de grand marché transatlantique aboutit, c’est tout le contraire d’une Europe des peuples que nous obtiendrons. Les firmes multinationales auront en effet un champ d’action qui prendra 800 millions de citoyens en tenaille, et ce des deux côtés de l’Atlantique.

Le traité de libre-échange transatlantique, préparé dans la plus grande opacité, pousse en effet plus loin encore la domination des multinationales, car il se résume, de plus en plus clairement, à un grand agenda de libéralisation des deux économies, américaine et européenne. Il y a danger à voir se répéter les erreurs qui ont présidé à la création du Marché commun européen par le Traité de Rome en 1957 : ouverture des marchés et frontières uniquement dans une perspective économique et financière.

Il y a 57 ans, la dimension sociale était complètement absente. Nous en subissons aujourd’hui toutes les conséquences. L’UE, avec un volet social faible, et dépourvue d’harmonisation fiscale et de gouvernance économique, s’avère être une machine à mettre les travailleurs des pays membres en concurrence entre eux et un fer de lance du dumping social. Avec ce traité, nous reproduirions les mêmes erreurs à l’échelle transatlantique. Dans de nombreux domaines sa mise en œuvre aurait de graves conséquences pour les salariés.

Comment imaginer, par exemple, que les droits fondamentaux du travail seraient tirés vers le haut, et partout respectés, quand on sait que les Etats-Unis n’ont ratifié que 2 des 8 normes fondamentales de l’Organisation Internationale du Travail ? Comment les droits de représentation collective des travailleurs pourraient-il également être respectés quand les décisions d’implantation des sites de production se feront sur les critères de coût, et les firmes multinationales statueront de manière centralisée et que les droits à l’information et à la consultation des comités d’entreprise continueront de s’arrêter aux frontières ? Sur toutes les menaces que ce traité fait peser sur les peuples, la démocratie et l’environnement, je vous renvoie à la déclaration commune que la CGT publie aujourd’hui avec de très nombreuses organisations européennes.

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’avec ce traité, des situations comme celles auxquelles sont confrontées aujourd’hui les salariés d’Alstom et Ascometal, on risque d’en avoir tous les jours, sans moyens de défendre les travailleurs car des salariés seront placés en concurrence directe avec d’autres salariés n’ayant pas les mêmes droits syndicaux !

Vous prenez les exemples d’Alstom et d’Ascometal, mais, précisément, sur ces dossiers, comme dans tant d’autres, tels que l’opération de « Monopoly » des opérateurs de la téléphonie, ou encore la réforme du système ferroviaire français, les salariés ont le sentiment que les jeux sont déjà faits et que le « grand marché » mondial est déjà en place. Quels moyens ont-ils de peser pour ne pas être de simples pions sur ce grand échiquier ?

 Wolf Jäcklein  : En tout premier lieu : il faut absolument se saisir de ces questions, ne surtout pas les abandonner ! C’est le sens de l’appel lancé, la semaine dernière par la CGT, en direction des salariés afin qu’ils pèsent dans les débats sur les élections européenne en portant la voix d’une autre Europe sociale qui refuse la mise en concurrence et l’opposition entre les peuples. Ensuite, il faut rester vigilant sur tout ce qui se prépare dans le cadre des négociations commerciales de l’Union Européenne. En l’occurrence, il n’y a pas que le grand marché transatlantique actuellement en préparation. Les salariés ne doivent pas craindre d’interpeller le patronat, les députés, les députés européens en leur faisant savoir nos inquiétudes. Après tout, des exemples récents nous montrent que les jeux ne sont pas faits à l’avance. Il y a tout juste deux ans, c’est en effet un mouvement citoyen qui a fait échouer la tentative d’imposer un accord sur la contrefaçon (« ACTA ») au Parlement Européen. Nous sommes loin d’être démunis !

Le 21 mai, une délégation de la CGT, conduite par son Secrétaire général, Thierry Lepaon, a participé au congrès de la CSI qui se tient à Berlin du 20 au 23 mai. Quelles propositions avez-vous porté ?

 Wolf Jäcklein : Ce congrès décide de la stratégie syndicale internationale pour les quatre années à venir : En pleine crise en Europe, qui est en train de glisser vers une crise politique, les syndicats ont la responsabilité de faire entendre leurs propositions pour une autre voie et de renforcer leur coopération. Le travail précaire, les salaires indécents sont encore et toujours une réalité dans beaucoup de parties du monde, et avec la crise, des problèmes, que nous pensions résolus en Europe, réapparaissent chez nous, en Grèce, au Portugal, en Espagne, dans le sud de l’Italie...

Parce que nous sommes convaincus qu’il n’y a pas de fatalité à cela, et que les politiques d’austérité nous conduisent dans le mur, nous portons, avec beaucoup d’autres organisations dans le monde, des initiatives qui nous permettent de réinvestir le champ des droits des travailleurs, de construire un rapport de force qui nous amène à renverser la vapeur : ce sont les travailleurs qui créent les richesses, et sans respect pour leurs préoccupations, leurs conditions de travail, et leur légitime revendication sur la hausse de leurs salaires, il n’y aura pas de sortie de la crise.

Face au traité de libre-échange transatlantique que l’on tente de nous imposer, l’exemple de Seattle nous montre que nous pouvons gagner et imposer un autre agenda. Nous y travaillons, et la coopération syndicale mondiale, au sein de la CSI, nous fait avancer.

 Le grand marché transatlantique et nos droits sociaux :

Le grand marché transatlantique et nos droits sociaux.

Article publié le 15 juin 2014.


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