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Débat sur l’identité nationale : allez voir ou revoir "L’Armée du Crime " de Robert Guédiguian.

A quatre mois des élections régionales et alors que la France subit de plein fouet les ravages de la crise économique ( 750 000 chômeurs de plus en une année) l’identité nationale serait devenue une des préoccupations principales des Français.

Le chômage qui n’en finit pas d’étendre ses ravages, la protection sociale plombée par les hausses du forfait hospitalier, les franchises, et déremboursements divers, les 16 000 suppressions d’emplois d’enseignants, l’injustice fiscale reitérée d’années en années, la souffrance au travail, la précarité, les 3 millions de mal logés et 100 000 sans abris, les 700 000 femmes retraitées en dessous du seuil de pauvreté ..... tout ceci ne serait que broutille.

Ainsi en ont décidé un transfuge du PS inspiré par Marcel Déat et notre Omniprésident.

A vrai dire, que cette thématique soit de retour à 4 mois d’une échéance électorale ne surprend guère tant le Président actuel en a usé lors de la campagne qui le porta à la magistrature suprême ( pour une étude de l’idéologie Sarkozienne, la lecture du petit livre d’Alain Badiou :" De quoi Sarkozy est il le nom ?" est particulièrement enrichissante et l’auteur n’hésite pas à l’inscrire dans l’héritage Pétainiste ).

Pour en revenir au débat national sur l’identité qui s’ouvrira dans les Préfectures et sous Préfectures du territoire, il devrait, nous dit on , être alimenté par un rapport parlementaire sur le "respect des symboles de la république".

Le Ministère de M. Besson a de plus précisé que la question " qu’est ce qu’être Français aujourd’hui ?" devra être posée à chacun.

Le débat national devrait donc nous permettre de répondre à cette question qui tenaille aujourd’hui toutes les consciences et livrer ses conclusions en février 2010 à un mois des régionales.

Le communiqué Ministériel ajoute que des propositions seront faites "sur la place des symboles nationaux" et met en débat "l’obligation pour l’ensemble des jeunes français de chanter, au moins une fois par an, l’hymne national.".

Etre Français, ce serait notamment ça !

Chanter au moins une fois par an La Marseillaise.

Malheur donc à ceux qui chanteraient faux ou refuseraient de le faire.

Tout ceci porterait à sourire si ce n’était dangereux et révélateur d’un nationalisme de conviction qui hante une partie de la droite sarkozienne.

M. Besson feint -il de croire que des collabos de 40 aux tortionnaires de la Bataille d’Alger, les Bousquet, Papon , Aussaresses et consorts , ignoraient La Marseillaise.

Comme si le symbole républicain devait supplanter les valeurs.

A ce stade, l’hommage cinématographique rendu par Guédiguian aux héros de l’Affiche Rouge nous revient en mémoire.

L’histoire est héroïque. Elle est véridique. Elle concerne des étrangers. Des jeunes ( juifs hongrois, arméniens, espagnols, italiens, roumains... membres des FTP- Main d’Oeuvre Immigrée ) qui avaient la vie devant eux.

On les traitait souvent de métèques et pourtant ils choisirent de combattre l’occupant nazi les armes à la main.
Ils menèrent 229 actions contre l’occupant. C’était le groupe Mannouchian.

Alors que le débat national de Besson-Déat occupe le haut de l’affiche médiatique, la première scène du film de Guédiguian, et sans doute l’une des plus belles, nous revient :

Dans le fourgon de police française qui les mène à la torture et la mort on voit Missak Mannouchian et ses camarades menottes aux poignets, les noms sont égrenés en voix off :

Missak Mannouchian....mort pour la France , Celestino Alfonso ....mort pour la France, Marcel Raiman .....mort pour la France, Thomas Elek....mort pour la France, Antonio Salvadori, Stanislas kubacki, Golda Bancic ...morts et mortes pour la France. Ils étaient 23 combattants, la plupart communistes et internationalistes.

Le jour de son exécution, Mannouchian écrira à sa femme Mélinée : " au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand."

D’autres épisodes historiques, d’autres noms, nous reviennent :

 Paul Teitgen, ancien résistant et déporté durant la Seconde Guerre mondiale, secrétaire général de la Police à Alger. Il démissionna le 12 septembre 1957, en réaction aux actes de tortures (qu’il avait lui même subis de la part de la Gestapo) pratiqués sur les prisonniers et aux exécutions extra judiciaires.

 Général Jacques de Bollardière , compagnon de la libération qui refusa de couvrir des actes de torture en Algérie . il s’opposera en ces termes au général Massu : "Je lui dis que ses directives sont en opposition absolue avec le respect de l’Homme qui fait le fondement même de ma vie et que je refuse d’en assumer la responsabilité ... J’affirme que s’il accepte le principe scandaleux de l’application d’une torture, il va briser les vannes qui contiennent encore difficilement les instincts les plus vils et laisser déferler un flot de boue et de sang ..."

D’autres images cinématographiques elles aussi. Dans le portrait qu’il réalise de Salvador Allende, le cinéaste Patricio Guzman utilise des images d’archives : on y voit des manifestants chiliens de l’unité Populaire ( communistes, socialistes, chrétiens..) défiler au son de La Marseillaise.
L’ancien maire de Valparaiso en évoquant Salvador Allende le désigne comme un "enfant de la révolution Française ".

La Marseillaise, on y revient , mais porteuse des valeurs universelles de la révolution française et non au service d’une idéologie faisandée et d’un débat nauséeux.

Article publié le 2 novembre 2009.


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