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Inégalitaire, la planète ? Non, indécemment inégalitaire

L’ONU publie l’étude la plus exhaustive sur le patrimoine des particuliers.

 2 % de l’humanité détiennent 50 % des richesses sur le globe, quand 50 % n’en détiennent que 1 %. On peut continuer : 1 % des plus riches possèdent 40 % des biens mondiaux. C’est ce que révèle une étude ­ la plus exhaustive jamais réalisée sur le patrimoine des particuliers ­ de l’Institut mondial de recherche sur l’économie du développement de l’université des Nations unies (UNU-Wider), basée à Helsinki. Et encore s’agit-il d’un constat fondé sur des chiffres de 2000. « On n’avait pas la possibilité de travailler sur des chiffres postérieurs, trop incomplets pays par pays, explique Anthony Shorrocks, directeur de l’université. Mais cela montre que les inégalités de patrimoine sont encore plus grandes que les inégalités de revenus » (1).

 Doux pléonasme. Le village global compte de plus en plus de châteaux et de bidonvilles. Et comme le note le Pnud (Programme des Nations unies pour le développement) dans son dernier rapport, la mondialisation n’est pas « cette marée montante qui soulève tous les bateaux », chère à Kennedy...
Selon l’UNU-Wider, 25 % des 10 % de personnes les plus riches vivent aux Etats-Unis, 20 % au Japon, 8 % en Allemagne, 7 % en Italie, 6 % en Grande-Bretagne et 4 % en France et en Espagne.

 Cela fait-il de la France un pays moins inégalitaire que les autres ?
Non, car la concentration du patrimoine y est impressionnante.

Les 10 % de Français les plus riches squattent 61 % de la richesse nationale.
Médaille d’argent de l’inégalité patrimoniale, derrière les Etats-Unis (70 %) mais devant la Grande-Bretagne (56 %) ! De plus, quand on se penche sur la répartition entre les 1 % les plus riches dans le monde (catégorie par ailleurs très disparate), notons que la France en compte 5 %...
Selon l’étude, un patrimoine personnel de 2 200 dollars ou plus permet de faire partie des 50 % les plus riches au monde ; 61 000 suffisent pour figurer chez les 10 % les plus nantis et 500 000 dollars pour être dans le club des 1 % les plus friqués, soit 37 millions de personnes. « Un chiffre qui ne prend pas en compte l’explosion de l’immobilier, mais ne change rien dans le constat », reconnaît Anthony Shorrocks. Un chiffre à mettre en parallèle avec celui du rapport 2005 du Pnud, qui assure que « le patrimoine des 15 plus riches de la planète dépasse le PIB total de l’Afrique subsaharienne ». Ou que « les avoirs des 84 personnes les plus riches surpassent le PIB de la Chine » (1,3 milliard d’habitants).

 Et l’avenir ? Pas question de l’insulter, assure Shorrocks. « Nous ne spéculons pas et nous partons de la réalité, des chiffres, d’enquêtes, d’études. » Un rapport publié lundi par The Economist Intelligence Unit, pour le compte de la division richesse de la banque Barclays, voit l’avenir en rose pour les plus dollarisés. « Rarement il y a eu période aussi prospère » pour les riches... Et pour les plus riches des pays riches. D’ici à 2016, le nombre de millionnaires pourrait plus que doubler dans les pays du G7. Un bond de + 158 %, soit 16,3 millions de millionnaires, contre 6,3 actuellement.

 La France verrait, elle, son nombre de riches passer de 234 000 aujourd’hui à 611 000. Immobilier non compris, bien sûr. Si on inclut l’envol de plus de 100 % de ses prix sur dix ans, on compterait 2,6 millions de Français assis sur le million de dollars en 2006 et ils seraient 5,5 millions en 2016. « 21 % des propriétaires français seront millionnaires en 2016, contre 25 % des Britanniques et 16 % des Américains », note l’étude. Le scénario ne tient pas compte d’un aléa : l’éclatement de la bulle immobilière. Reste que ce genre de prospective a peut-être un mérite : montrer que la machine à produire des inégalités marche à plein.

 Une autre étude, publiée en juin par Merrill Lynch et Cap Gemini, avançait ainsi que « les super-riches, à la tête d’une fortune de plus de 30 milliards de dollars », étaient 85 400 en 2005, soit 10,2 % de plus qu’en 2004.

(1) Le patrimoine inclut les actifs (financiers, fonciers et immobiliers), moins les dettes et en tenant compte des taux de change et du pouvoir d’achat, pas les revenus (salaires, etc.).

Article paru le 6 décembre 2006.

Article publié le 8 décembre 2006.


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