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Les 500 plus grandes fortunes de France ont grimpé de 25 % en un an.

Les plus riches tirent d’énormes profits de la crise

Article paru dans L’Humanité du 12 juillet 2013.

Les 500 plus grandes fortunes de France ont grimpé de 25 % en un an. Un bond spectaculaire qui révèle les profits que tire de la crise une poignée de grands patrons, pendant que le pouvoir d’achat des Français a reculé de 0,9 % l’an dernier.

La crise, quelle crise ? Dans le microcosme des 500 plus grandes fortunes de France, les affaires se portent mieux que jamais. Le classement annuel du mensuel Challenges, publié jeudi, fait figure de provocation dans le marasme économique ambiant.

Tandis que le pouvoir d’achat des ménages a accusé une régression historique de 0,9 % l’an dernier, et que le taux de chômage crève les plafonds, les plus grandes fortunes de France ont vu leur montant croître de 25 % en un an, atteignant un total de 330 milliards d’euros de patrimoine, biens professionnels compris.

«  Jamais, depuis 1996, année où Challenges a lancé son classement des “500”, leur fortune globale n’avait atteint de tels sommets  », souligne le magazine. Celle-ci représente désormais l’équivalent du budget de l’État, 16 % du produit intérieur brut (qui mesure la totalité de la richesse produite en France chaque année) et 10 % du patrimoine des Français, détenus par 0,001 % d’entre eux. Plus on monte dans le classement, plus la concentration atteint des sommets, les dix plus riches « pesant » à eux seuls 40 % du total amassé par les 500, soit 135 milliards d’euros (+ 27 % en un an).

Des fortunes effleurées par la fiscalité

En tête, on retrouve des noms célèbres de l’industrie du luxe, de l’armement, de la grande distribution ou des nouvelles technologies :

  • Bernard Arnault (LVMH, 24,3 milliards) ;
  • Liliane Bettencourt (L’Oréal, 23,2 milliards) ;
  • Gérard Mulliez (Auchan, 19 milliards) ;
  • Serge Dassault (12,8 milliards) ;
  • Vincent Bolloré (8 milliards) ;
  • Xavier Niel (Iliad, 5,9 milliards).

Des patronymes connus, aussi, pour leur propension à l’exil fiscal qui coûte 40 milliards d’euros annuels à la France, selon un rapport du sénateur PCF Éric Bocquet : les familles Wertheimer (Chanel, 8e, 7 milliards de fortune), Castel (8e ex aequo) ou encore Peugeot (40e, 1,3 milliard) figuraient parmi les 44 Français présents dans le classement de décembre 2011 des 300 plus riches de Suisse de la revue helvétique Bilan.

À l’origine de la croissance exponentielle de ces fortunes, des réussites financières qui ont profité sans complexe de la crise, comme l’assume cyniquement Stéphane Bailly, propriétaire d’un groupe de location et de vente de voitures (453e du classement de Challenges) :

«   La crise, ce sont des difficultés pour les petits, mais ce sont aussi, souvent, des opportunités pour les gros.   » Plus globalement,  ces fortunes sont le résultat du véritable hold-up de la rente sur le travail , l’ austérité ayant , au final, pour seul effet d’alimenter l’économie de casino  ».

Pendant que les salaires stagnent, que les fonctionnaires voient leur rémunération gelée et que les Smicards n’ont eu droit à aucun «  coup de pouce  » en 2013, après un minuscule 0,6 % en juillet 2012, la valorisation boursière des grands groupes, a, elle continué de croître, terminant l’année dernière «  en fanfare  » (le Figaro du 31 décembre 2012) avec + 14,5 % en un an. Un symptôme de la financiarisation croissante de l’économie au détriment de la reprise de l’économie réelle (la part des revenus financiers dans les richesses créées en France a doublé depuis 1982), contre laquelle le candidat Hollande avait promis des réformes de structure qui tardent à venir pour mettre au pas «  le monde de la finance  ».

Les bons plans de la crise

Certaines grandes fortunes ont aussi flairé les bons plans de la crise pour, à la fois rester en France et prospérer sans avoir à redistribuer en s’acquittant de leurs impôts. Certaines investissent dans l’hôtellerie de luxe pour riche clientèle étrangère, en n’oubliant pas de rester actif dans leur entreprise.

Car, tant que c’est le cas, «  leur fortune est préservée parce qu’elle n’est pas soumise à l’ISF  », explique le consultant Aldo Cardoso. Un impôt qui fait toujours figure d’épouvantail. «  L’ISF est un mal qui pourrit notre société et entrave son développement  », éructe dans Challenges le même consultant, qui milite pour sa suppression. Un argument convaincant en faveur de vieille revendication communiste d’intégration des biens professionnels dans l’assiette de l’ISF, dont la portée serait bien plus efficace et redistributive que la taxe Hollande à 75 % sur les très hauts revenus, dont le retour prochain a été promis après sa censure par le Conseil constitutionnel, le 29 décembre dernier.

La majorité des Français ne cessent de s’appauvrir

Jamais notre pays n’a été aussi inégalitaire.

 Les 1 % des personnes les plus riches se gavent, «  avec des revenus repartis à la hausse depuis 2009  », selon le très officiel Insee, alors que le reste des Français ne cesse de s’appauvrir. Le niveau de vie médian a baissé de 0,5 % en euros constants en une seule année, pour s’établir à 1 610 euros, d’après les dernières statistiques… qui datent de 2010. Tous les ménages situés sous cette barre ont connu une chute de leurs revenus. Pour les 10 % les moins fortunés, ils ont même diminué de 3,2 % par an entre 2008 et 2010, portant à 14,1 % la part de pauvres en France. En deux ans, ils sont passés de 7,8 millions à 8,6 millions.

 Nul doute que la barre des 10 millions a depuis été longtemps dépassée, sous le double effet de l’explosion du chômage et des politiques austéritaires. Premières victimes, les retraités, mais surtout les enfants. «  En 2010, 19,6 % de la population des moins de 18 ans vivent dans une famille en situation de pauvreté, alarmait, lundi, un avis du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

Tout laisse à penser que la hausse s’est poursuivie en 2011 et 2012 : on peut craindre que le nombre d’enfants pauvres en France ne soit aujourd’hui proche de 3 millions.  » Un chiffre vertigineux, à ajouter à la hausse de 50 % du nombre de personnes sans domicile depuis 2001, avec 141 500 SDF recensés en 2012.

Article publié le 15 juillet 2013.


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