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Sur le Yatch Pamela : Soleil, Farniente, Paparazzi et vrais CONTRADICTIONS.

La CGT, organe démocratique, ne peut que reconnaître la nette victoire de M. Sarkozy aux élections présidentielles. Elle condamne à ce titre les violences qui ont suivi la promulgation des résultats.

Elle rappelle néanmoins que si les élections sont une des composantes fondamentales de la démocratie, elles n’en sont pas la seule. Les élections, sans la citoyenneté ne sont rien, M. Sarkozy la rappelé lui-même au cours de sa campagne en indiquant, pour marquer sa rupture avec la politique étrangère de M. Chirac, que de nombreux gouvernements ou régimes autoritaires ont été amenés au pouvoir avec les suffrages populaires.

De ce point de vue, la CGT rappelle également, que les élections ne sont pas un blanc-seing donné à un élu, et que par conséquent la vigilance citoyenne doit s’exercer tout au long du mandat des représentants du peuple.
Pour ce faire, le respect de l’indépendance et de la liberté d’action des instances participant au bon fonctionnement de la démocratie est indispensable :

 contre-pouvoirs institutionnels, et plus particulièrement le respect de la séparation du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire. C’est également le respect des forces et partis d’opposition.

 respect des contre pouvoirs issus de la société civile : associations et syndicats plus particulièrement, dont le droit de grève semble aujourd’hui être remis en cause.

 la démocratie doit aussi éviter la collusion entre le pouvoir politique et les pouvoirs financiers et médiatiques, éléments sur lesquels le nouveau quinquennat ne semble pas débuter sous les meilleurs auspices.

A commencer par les récentes « vacances » de M. Sarkozy et de sa famille, qui ont suscité la première polémique de l’après-élection.

Loin de la CGT, évidemment, l’idée de contester le droit de M. Sarkozy, comme tout autre candidat, à s’octroyer du repos après une longue et intense campagne présidentielle.
Néanmoins, les conditions de cette retraite, sensée être au départ quasi monacales pour permettre au nouvel élu de méditer et de s’imprégner des responsabilités qui accompagnent son accession aux plus hautes fonctions, n’ont pas, pour une fois, échappé aux médias, qui ont tous relayés cette escapade dorée.

Rappelons à ce propos que le montant total de cette retraite (mise à disposition d’un jet privé appartenant à la SA Bolloré et d’un yacht de luxe appartenant semble t’il à M. Bolloré) a été évalué par de nombreuses et diverses sources d’information à un minimum de 200.000 ???, sans compter la mise à disposition gratuite la nuit précédant son départ d’une chambre dans un hôtel de luxe dont la nuitée est estimée entre 2500 et 8500 ???.

Certes, comme il l’a précisé lui-même, pour tenter de calmer la polémique suscitée par cette affaire, cela ne coûte rien au contribuable.
Cela ne coûte rien à l’Etat ? Directement non, c’est vrai, puisque le coût de ce voyage n’est pas pris en charge par le budget de l’Etat. Indirectement ? Le nouveau président s’en défend : seule la suite des évènements le dira.
Précisons toutefois que le prêt du jet privé lui, évalué à 50.000 ???, ne doit pas être sans incidences sur les finances de Bolloré SA, puisque cet avion est bien inscrit au registre de la société. Quid d’ailleurs du droit de la société de mettre à disposition ce matériel sans contrepartie ?
Pour ce qui est du yacht, indiquons également que, même s’il s’agit du prêt d’un ami, cela signifie que, si de grandes fortunes sont prêtes à se passer de loyers aussi conséquents sans contrepartie, la fiscalité actuelle pesant sur les grands patrimoines ne doit pas être si pesante que cela, comme le répète M. Sarkozy puisqu’elle ne les oblige pas à demander de rémunération pour prêter leur matériel.

Indiquons enfin, et surtout, que la démocratie, ça consiste également à respecter un minimum ses électeurs : au cours de sa campagne électorale, M. Sarkozy a notamment indiqué, suite aux événements de la gare du Nord, qu’il n’était pas du côté des fraudeurs. Certains en concluaient peut-être hâtivement qu’il était du côté de ceux qui payaient leurs transports. Sans pour autant défendre la fraude, on ne peut que constater qu’il est plus facile de critiquer ceux qui fraudent dans le métro quand on n’a pas soi-même à payer ses voyages d’agrément sur des avions ou des yachts de luxe.

De même, M. Sarkozy a fustigé tout au long de sa campagne électorale la logique d’assistanat qui caractérisait la société française. Ici encore, il est facile lorsqu’on a des amis fortunés comme M. Bolloré, prêts à vous « assister » personnellement avec de tels moyens, de critiquer les aides de l’Etat pour les plus démunis.

Au cours du débat qui l’a opposé à Mme Royal, M. Sarkozy, tout en niant toute volonté de les supprimer, à une nouvelle fois critiqué les 35 Heures, en regrettant que, pour les revenus modestes, faute de moyens, il n’est pas possible de profiter de ses RTT pour se payer des vacances. A moins de bien connaître M. Bolloré évidemment, ce qui permet de pallier à des questions d’intendance aussi bassement matérielles.

Au contraire, M. Sarkozy a prôné le « travailler plus pour gagner plus » , et notamment au travers des heures supplémentaires. S’il est difficile d’évaluer le nombre d’heures supplémentaires qui devraient être effectuées par un salarié au SMIC pour pouvoir effectuer la croisière de M. Sarkozy, le coût total de ce voyage est équivalente à 17 années de SMIC et 36 années de RMI.
Plus généralement, lorsque M. Sarkozy prône la société du mérite et de la valeur travail, il devrait au moins être conscient que, pour les salariés qui ont encore les moyens de pouvoir se payer des vacances, elles ponctionnent, et souvent lourdement, contrairement à lui, les revenus de leur travail.

Article publié le 11 mai 2007.


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