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« Souriez, les marchés financiers vous regardent.  » Article de l’économiste Pierre Ivorra.

C’est le message concernant le projet de réforme des retraites 
que le directeur général de France Trésor, l’agence chargée par l’État de placer la dette française auprès des investisseurs, a essayé de faire passer à l’occasion d’une récente interview au quotidien les Échos. Le grand argentier 
de notre dette publique explique que, pour ces affairistes invités régulièrement à financer notre déficit public, la réforme des retraites est 
« très importante » et qu’ils la « suivent de près ». 
Nous voilà prévenus : Big Brother nous 
surveille.

Manifestement, on veut faire croire 
aux Français qu’ils n’ont plus le choix : 
soit ils se plient aux exigences de la finance 
et ils n’auront plus droit qu’à une retraite peau 
de chagrin ; soit ils résistent et ils ne pourront plus boucler leurs budgets publics. 
Pile, on perd, face, on ne gagne pas.

Mais ce chantage n’est possible que dans 
la mesure où les recettes de notre système 
de protection sociale sont inférieures aux dépenses. Pour couvrir ce déficit, l’Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss), établissement public chargé d’assurer la gestion de la trésorerie des différentes branches du régime général, emprunte à court terme sur les marchés financiers. Et c’est notamment cela qui donne prise au chantage.

Mais pour équilibrer le système, plutôt que de diminuer les dépenses, mieux vaudrait augmenter les recettes. Et plutôt que de faire risette à la finance, il faut l’affronter.

Contrairement à ce que l’on croit habituellement, la finance, ce ne sont pas que les banques et les fonds de toutes sortes. Comme un mauvais virus, elle a contaminé aussi les entreprises. C’est ainsi que les revenus de la propriété perçus en 2012 par les sociétés non financières, c’est-à-dire, pour l’essentiel,
les intérêts et dividendes qu’elles tirent 
de leurs prêts, placements et participations, 
s’élèvent à 208,4 milliards d’euros. 
Par comparaison, leur activité de production (l’excédent brut d’exploitation) leur rapporte 288,8 milliards d’euros.

Mais sur ces ressources financières, 
elles ne subissent aucun prélèvement. 
Si elles étaient taxées au même taux que
celui appliqué pour les cotisations, cela rapporterait chaque année environ 70 milliards d’euros à la Sécurité sociale.

Et il faut arrêter d’affirmer que les prélèvements sociaux tuent l’investissement des entreprises. Certes, celui-ci a baissé de 0,8 % l’an dernier, mais, par ailleurs, les dividendes versés ont, 
eux, augmenté de 2,1 % et sont supérieurs 
de 6 milliards d’euros aux investissements. 
C’est Big Brother qu’il faut surveiller et mater.

Pierre Ivorra

Article publié le 22 juin 2013.


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