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Grève du 27 novembre 2012 :déclaration des organisations syndicales des Hautes Pyrénées

Tarbes, le 27 novembre 2012.

Madame la Directrice,

Les personnels de la DDFIP des Hautes Pyrénées sont en grève aujourd’hui comme sur l’ensemble du territoire. Vous vous doutez bien que ce n’est pas de gaieté de cœur que des agents acceptent de perdre une journée de salaire.

Leurs traitements sont en effet gelés pour la troisième année consécutive, les pertes de pouvoir d’achat du point d’indice se chiffrant à 13 % depuis 2000.

Qui plus est, le jour de carence instauré par le gouvernement réactionnaire de Sarkozy et maintenu par celui de François Hollande a déjà touché plus de 100 agents dans le département ; la direction appliquant de manière implacable cette mesure injuste sans se soucier le moins du monde des difficultés que pourraient rencontrer les agents.

Que des agents, dont la seule responsabilité est d’être malade, aient déjà été prélevés de 100 à 400 euros depuis mai dernier ne semble pas interpeller nos cadres dirigeants, le Directeur Général étant plus soucieux de son image à longueur de visites départementales pré-formatées que du sort des agents de son administration.

L’épisode que l’on vient de vivre sur la question du plan de qualification apporte également la preuve, s’il en était besoin, du mépris directionnel à l’égard des agents qui se voient pénalisés dans leurs déroulements de carrière.

Et puis bien sûr, il y a l’emploi. Gouvernement et Direction ont repris leur litanie. Ils nous assurent la main sur le cœur que la RGPP c’est fini mais ils remettent au menu 2023 suppressions d’emplois.

Ainsi, à la DGFIP ce sont 25 000 emplois qui auront été supprimés depuis 2002, plus de 120 dans notre département.
Pour les Hautes Pyrénées ce sont 8 emplois qui seront détruits cette année, les agents de catégorie C payant une fois encore le plus lourd tribu, avec 11 emplois en moins.

Ces suppressions, vous n’osez même plus les justifier par des gains de productivité, mais vous nous ressortez la recette éculée des simplifications dont le seul but est d’entériner les abandons de missions.

Comble du ridicule, la DGFIP, en disciple avisé de Taylor, en est à chronométrer les gains de temps potentiels, et donc d’emplois, lors des changements de mots de passe.

Pitoyable au plus haut point mais cela pourrait ne prêter qu’à sourire s’il ne s’agissait d’une stratégie plus globale de la Direction Générale visant à faire entériner par les personnels les abandons de missions tout en contournant les instances représentatives du personnel, tel est d’ailleurs l’objectif de la nouvelle démarche stratégique directionnelle, nouvel habit du défunt DOS engagé par Philippe Parini.

Mais, au-delà du marketing directionnel, M. Bézard étant susceptible de passer à la postérité comme le Directeur Général le plus photographié de l’histoire, il y a une réalité à la DGFIP comme dans les Hautes Pyrénées qui est celle du terrain et du vécu quotidien des agents.

Ainsi, l’accueil du public bat son plein au gré des échéances pour le paiement des impôts (impôt sur le revenu, impôts locaux et contribution à l’audiovisuel public). Mais alors que l’accueil a augmenté de près de 60% depuis 2002, les effectifs ont fondu. Cette situation a pour conséquence un allongement des files d’attente, un accroissement de la tension notamment en cette période de crise ou les demandes de délais de paiement et le recours gracieux sont nombreux et, pour les agents, une dégradation sans précédent des conditions de travail, hausse de la charge de travail, travail dans l’urgence, agressions verbales …

Alors que l’accueil fiscal de proximité a explosé dans les trésoreries ( + 95 % d’accueil physique pour la seule campagne IR dans les Hautes Pyrénées ) révélant les besoins exprimés en la matière par les usagers, il est aujourd’hui question de supprimer au moins 80 trésoreries de proximité sur le territoire.

Au niveau de la lutte contre la fraude fiscale, le Ministre du budget a présenté le 14 novembre un projet de loi de finances rectificative comportant un certain nombre de mesures en ce sens mais il s’abstient d’engager un renforcement des moyens matériels et humains alors qu’un récent rapport sénatorial approuvé par toutes les forces politiques du pays concluait au manque de moyens humains et logistiques en la matière.

De même, la mise en place du crédit impôt « compétitivité entreprise », véritable chèque en blanc aux entreprises ne se double d’aucune gestion prévisionnelle des moyens de gestion et de contrôle de ce nouveau dispositif.
En matière de dépense publique, le Ministre de l’économie a déclaré le 14 novembre que l’Etat devait d’ici 2017 parvenir à payer ses fournisseurs en 20 jours. En 2011 le délai global de paiement de l’Etat se situe à 36 jours compte tenu du déploiement du progiciel CHORUS et des réorganisations concomitantes dans le secteur de la dépense. Là encore, dans les conditions et avec les moyens actuels, cet objectif apparait complètement irréaliste.

En matière de gestion des collectivités locales, les conséquences de la réforme de l’intercommunalité ne sont nullement anticipées et nombre de trésoreries qui seront confrontées à un accroissement de leurs tâches ne sont nullement préparées et dotées pour pouvoir y répondre. C’est d’ailleurs très clairement le cas dans notre département, il suffit pour cela de se référer aux trésoreries de Tarbes Adour Echez ou de Tournay.

Dans le même temps, les crédits de fonctionnement de la DGFIP sont en forte baisse à tel point que la gestion de la fin de l’année 2012 est d’ores et déjà compromise dans certains départements en situation de « cessation de paiement ». Au niveau des Hautes Pyrénées , s’il semble que les frais de déplacement des personnels puissent être assumés, ce sont des aménagements, mais aussi tout simplement du matériel, qui ne sont plus financés . Difficile dans de telles conditions de parler de qualité du service public…
Et qu’en sera-t-il en 2013 ? Avec une nouvelle baisse des crédits de fonctionnement de 9 %.

En clair, les agents des finances publiques n’ont aujourd’hui plus les moyens d’assurer correctement leurs missions.

Mais, au-delà des chiffres, vous savez que tous les services et tous les postes sont touchés par un mal profond :

Au nom d’une modernisation qui n’en est pas une, c’est le sens du travail qui se perd chaque jour un peu plus.
Pour beaucoup d’agents, l’intensification et l’augmentation des charges de travail générées par les suppressions d’emplois sont devenues si oppressantes qu’ils sont prêts à accepter l’abandon des missions ou la fermeture des postes pour alléger le poids qui pèse sur leurs épaules.

Car, s’il est une réalité que vous ne pouvez nier c’est bien la dégradation constante des conditions des travail.
Elle est telle, que le mal être s’installe chaque jour un peu plus. Depuis le début de l’année, à la DGFIP, plus de 40 suicides ou tentatives de suicide ont d’ailleurs été recensés.

On nous objectera que de tels faits sont terriblement difficiles à décrypter et que les aléas de la vie personnelle peuvent en être à l’origine. Nous ne sommes pas sans ignorer ces réalités. Mais quand un grand corps professionnel comme celui de la DGFIP est touché aussi lourdement et a fortiori quand des collègues laissent des signes explicites du mal être au travail comme origine de leur geste, alors il n’est plus temps de tergiverser.

Vous comprendrez donc aisément que les agents ne peuvent plus se satisfaire de discours convenus, déplorant l’absence de marge de manoeuvre en matière de suppression des effectifs au plan local.

Vous déclarez également que vous avez le souci de privilégier les priorités dans l’accomplissement des tâches.

A cela nous vous répondons que pour être efficient dans ce cadre il est plus que nécessaire de posséder la connaissance approfondie des missions dévolues à nos deux filières et nous sommes loin d’être convaincus que cela soit le cas.

Aussi, vous indiquez ne pas avoir de marge de manoeuvre en matière de suppressions d’emplois, permettez- nous cependant de vous répondre que les agents ne disposent pas non plus dans ce contexte de marge de manœuvre pour accomplir correctement les missions qui leurs sont confiées.

Mais n’y a-t-il que les agents pour constater l’incohérence d’une politique destructrice qui hypothèque l’avenir de la DGFIP ?

Il est grand temps que les cadres dirigeants soient aux côtés des agents pour défendre le service public.
Vous ne pouvez éternellement en appeler à l’adaptation, à la réorganisation ou à la polyvalence pour exercer les missions et tenir les sacro-saints objectifs dont dépend d’ailleurs une partie de votre rémunération.

Pour fonctionner et répondre aux attentes des usagers, le service public a besoin de fonctionnaires et ne
peut être une coquille vide.

Il vous faut être consciente de l’exaspération grandissante des agents de tous grades et vous mettons en garde contre la dégradation de leurs conditions de travail qu’ils subissent au quotidien.

Cette situation revêt un caractère insupportable.

Sachez aussi que nous ne laisserons pas faire une direction qui, pour pallier aux conséquences de la politique d’austérité, saperait un peu plus les fondements du service public financier , en fermant ici une journée ou deux par semaine les SIP, en réduisant là les horaires d’ouverture de la DDFIP ou en remettant en cause un certain nombre de services rendus aux usagers et notamment les plus fragiles et les plus affectés par la crise économique actuelle.

Ce 27 novembre, en dépit d’un pouvoir d’achat en berne et de difficultés croissantes, les agents des finances sont en grève pour exiger :

 l’arrêt des suppressions d’emplois,

 un réel bilan contradictoire de la fusion et un état des lieux des conditions d’exercice des missions et des charges de travail pour les agents,

 la détermination et la création d’un volume d’emplois nécessaires,

l’ouverture de négociations salariales afin de permettre le rattrapage des pertes de pouvoir d’achat accumulées depuis dix ans,

La suppression du jour de carence,

Un plan de qualification à la hauteur des besoins.

Sur l’ensemble de ces revendications, soyez en sûr, ils ne cèderont pas à la résignation que d’aucuns voudraient leur voir adopter.

Article publié le 28 novembre 2012.


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