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IDÉES & DÉBATS : Un patrimoine toujours plus concentré ! LAURENT JEANNEAU ALTERNATIVES ECONOMIQUES

Les inégalités de biens possédés sont beaucoup plus amples que celles de revenus. Et elles ont augmenté entre 1998 et 2015.

Les inégalités ne s’arrêtent pas à la fiche de paie. Elles sont démultipliées par le patrimoine. C’est ce que vient de rappeler opportunément l’Insee dans une récente publication.

Entre ceux qui ne disposent que d’un simple compte courant et ont dû s’endetter pour acheter leur voiture, et ceux qui sont propriétaires de l’entreprise qu’ils dirigent et qui font fructifier leur épargne sur les marchés financiers, il y a un gouffre bien plus profond que l’écart qui sépare la rémunération d’un smicard de celle d’un haut cadre dirigeant. Un Français sur deux a ainsi un stock de richesse supérieur à 158 000 euros.

Cette moitié de la population la mieux dotée possède à elle seule 92 % du patrimoine.
Les 10 % des ménages les mieux pourvus en patrimoine possèdent à eux seuls 47 % de la masse totale de patrimoine brut (valeur des biens possédés dont on déduit les dettes), soit 1,25 million d’euros par personne en moyenne. C’est 627 fois plus que les 10 % les plus modestes, qui doivent se contenter, toujours en moyenne, de 2 000 euros. Quant aux très très riches, le 1 % des Français les plus fortunés, ils ont accumulé en moyenne 4,1 millions d’euros !

Entre 1998 et 2015, ces inégalités de patrimoine ont augmenté. Pour pouvoir faire des comparaisons dans le temps, l’Insee évacue les véhicules, les biens durables et les objets de valeur. On parle alors de patrimoine brut "hors reste". Si, en moyenne, ce patrimoine a été multiplié par deux sur la période, "le rythme de progression n’a pas été le même pour tous", précise l’institut statistique. En effet, pour les 10 % les plus modestes, ce patrimoine a baissé de 31 %, tandis que pour les 10 % les mieux dotés, il a augmenté de 113 %.

Cette diminution du patrimoine des moins riches a eu lieu surtout entre 2010 et 2015. On peut l’interpréter comme l’un des stigmates de la crise. Pour les autres, la hausse est intervenue principalement entre 1998 et 2010, à la faveur de la flambée des prix de l’immobilier. Entre 2010 et 2015, le niveau de patrimoine a en revanche stagné pour les plus aisés.

Résultat : sur cette période, les inégalités de patrimoine ont légèrement baissé. Ce qui peut paraître paradoxal avec le fait que le patrimoine des plus pauvres a chuté sur cette période. Mais en réalité, "du fait de la faible part de patrimoine détenue par les 10 % les moins bien dotés, leur décrochage par rapport au reste de la distribution n’a que peu d’impact sur le niveau d’inégalités mesuré par l’indice". En clair, les pauvres ont tellement peu de patrimoine qu’ils sont en quelque sorte statistiquement insignifiants et sortent des radars de l’Insee.

CONSULTER l’ETUDE de l’INSEE dans son intégralité :

Article publié le 16 août 2018.


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