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Médiapart : Prélèvement à la source : une révolution fiscale inutile et dangereuse.

L’IR était donc un moyen d’assurer la solidarité nationale à hauteur de ses moyens. Dès le départ, il est donc fondé sur la progressivité et la déclaration des revenus. Le décalage d’un an se comprenait par cette volonté de frapper des revenus effectivement encaissés et constatés. C’est cette « inquisition sur les fortunes », que contestait Adolphe Thiers dès les années 1870, qui a toujours provoqué l’ire du bourgeois français.

En quoi alors le prélèvement à la source remet-il en cause ce système ? Certes, le mode de calcul ne change pas. Mais, devenu un prélèvement salarial, l’IR change de nature : il devient une « charge », comme le sont devenues les cotisations sociales. Or ces dernières, qui représentent du salaire socialisé et de la solidarité nationale, sont depuis des années la cible de ceux qui veulent augmenter le pouvoir d’achat sans alourdir le coût du travail.

C’est même toute la politique du gouvernement pour que le « travail paie plus » depuis mai 2017 : supprimer les cotisations chômage et maladie pour donner plus de pouvoir d’achat aux salariés. Le financement se fait par la CSG, impôt non progressif mais proportionnel, frappant tous les revenus. Ce que représente la cotisation, son aspect de salaire socialisé, est alors entièrement occulté par un jeu comptable : la hausse de la CSG rapporte plus que les cotisations supprimées. Mais la logique est différente : en finançant la protection sociale par la CSG, on en fait une série de prestations gérées par l’État, indépendantes des cotisations, qui entrent dans la grande liste des dépenses publiques. En cas de besoin, on pourra donc plus facilement les réduire.

On voit mal comment l’IR, désormais géré par l’usine à gaz du prélèvement à la source, échappera à cette double tentation à terme : simplifier par la suppression de la déclaration et réduire pour dégager du pouvoir d’achat. Le prélèvement à la source est un premier pas, volontaire ou non, vers sa transformation en un impôt plus simple et moins progressif. Il crée les conditions d’une demande de l’opinion allant dans ce sens. Ce 1er janvier 2019 sonne donc comme le début de la fin d’un des derniers impôts progressifs de France.

ARTICLE COMPLET DE MEDIAPART :

Article de Médiapart du 1er janvier 2019.

Article publié le 1er janvier 2019.


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