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29 janvier 2012 : protection sociale, durée légale du travail sont dans le collimateur du MEDEF et de son fidèle serviteur présidentiel.

 Le Medef avec tous ses économistes néolibéraux, Institut Montaigne, Fondation Concorde, Ethic, sont sur le pied de guerre. Entre le « sommet » dit de l’emploi (en fait on pourrait l’appeler « sommet de la dernière chance ») et le discours annoncé de Sarkozy le 29 janvier (le dernier discours aussi ?), il s’agit d’imposer le plus de reculs sociaux possibles et le plus d’avantages possibles pour le patronat.

 Rexocode/Medef a tenté d’intoxiquer en prétendant, quitte à se faire sévèrement démentir par tous les instituts sérieux, qu’on ne travaillait pas assez et qu’on gagnait trop par rapport à l’Allemagne. (Alors que c’est le contraire, nous travaillons plus et gagnons moins).

De partout, ils osent clamer qu’il faut « baisser le coût du travail » (alors que pour se sortir de la récession, au contraire il faut hausser les salaires). Ils passent dans tous les médias pour exploiter l’opportunité de la perte du triple AAA, laquelle exigerait, selon eux, des mesures rapides, décisives, rudes contre le code du travail. Qu’importe ce qu’il adviendra ensuite en termes de récession, de misère et de chômage. Ils sont hargneux, avides et veulent en profiter tout de suite, à fond, pour casser de ce qui reste de nos droits.

La batterie des attaques envisagées est spectaculaire :

 Remise en cause des 35 h, soit par suppression de la durée légale, soit par les 37 h avec baisse des salaires par suppression des majorations des heures supplémentaires

 Suppression de la 5° semaine de congés payés

 Suppression du Smic universel remplacé, comme la durée légale, par un Smic négocié par branche

 Développement forcé et généralisé du chômage partiel par seule décision patronale avec salaires abaissés à 60 %, 75 %, sans qu’aucun salarié ne puisse refuser en se réclamant de son contrat de travail.

 Prédominance des contrats imposés au niveau de l’entreprise sur la loi, avec possibilité de baisses de salaires, de baisses d’horaires, au gré de l’employeur

 Remise en cause du CDI avec ces CDD de trente mois, la systématisation des ruptures individuelles non motivées,

 Casse du statut de la fonction publique en précarisant l’ensemble des fonctionnaires qui subissent déjà un jour de carence et 0,27 % de salaire mensuel en moins

 L’abaissement massif des salaires bruts en transférant les cotisations sociales payées par les patrons en TVA (dite sociale) payée par les salariés.

 Permettre que tous les apprentis (600 000) puissent travailler de nuit et du dimanche (Villepin avait ouvert l’apprentissage aux enfants de 14 ans et le travail de nuit et du dimanche qu’à partir de 15 ans seulement)

 Totale déréglementation du travail du dimanche, fin du principe de repos dominical.

 Multiplier et vite les « contrats aidés » exonérés de cotisations sociales (sur les 340.000 contrats du secteur non-marchand (CUI-CAE) inscrits au budget, 225.000 devront être conclus au premier semestre).

 Accélération de l’application du recul des départs en retraite et de la baisse du niveau des pensions. Mise à l’écart de toute réglementation sur la pénibilité. Fin de toute dispense de rechercher d’emploi pour les seniors.

 Remise en cause droit de grève dans les transports aériens et élargissement des services minimums imposés

 ??a vous paraît énorme ? Pourtant lisez, tout cela a été mis sur la table

 Cyniquement, comme toujours, ils demandent le maximum pour obtenir le plus possible. Mais ils font sérieusement la guerre. Ils osent : ils terrorisent la gauche si elle ose défendre les 35 h, les 32 h, le Smic à 1700 euros, la retraite à 60 ans à taux plein, ou le salaire maxima à pas plus de 20 Smic, mais, eux, ils sont sans foi ni loi.

La crise qu’ils ont suscitée entièrement par leur rapacité, par leur dictature financière en perdition, ils veulent l’exploiter au maximum pour nous « saigner » comme des animaux à l’abattoir. Ont-ils peur de perdre le 6 mai ? Et comme des occupants pillards qui se retirent, emportent-ils le maximum de butin avant ?

 Comme le dit avec grande simplicité, Laurence Parisot, «  tout cela est urgent, il faut simplement que les parlementaires de l’UMP fassent bouger les paramètres  ». Elle veut le faire avant l’élection présidentielle et avec le Medef, fait le forcing sur Sarkozy pour qu’il en fasse le maximum avant de partir. François Fillon est dans le coup, et a appelé dés le 10 janvier à une réforme législative en ce sens – contre l’avis de tous les syndicats.

Le Pen et Bayrou défendent la même chose, Le Pen propose 70 milliards de rigueur, Bayrou veut 100 milliards de rigueur, et ces deux-là sont favorables à ces mesures réclamées par le Medef sous prétexte de flexibiliser le code du travail (comme s’il ne l’était pas déjà trop depuis 10 ans). Le Pen rajoute qu’il faut écraser les droits syndicaux et le droit de grève pour être sûre que ça passera.

Ces gens-là sont tous, pour que « le contrat l’emporte que la loi », mais sont prêts à se servir de la loi pour permettre de casser les contrats, faire baisser les salaires, d’augmenter encore plus la précarité ! D’une autre façon, ils veulent tous nous traiter comme sont traités actuellement les Grecs, les Italiens, les Portugais, les Espagnols.

Gérard Filoche.( inspecteur du travail )


« Accords de compétitivité » : compromis en trompe-l’œil.

Michel Husson, Liaisons sociales, février 2012

 Echanger le maintien de l’emploi contre une baisse de rémunération, telle est au fond la logique des accords compétitivité-emploi. La référence allemande, souvent évoquée, est difficilement transposable.

En Allemagne, il existe une forme de connivence entre partenaires sociaux et les accords comportent des garanties solides et
sont assortis d’un droit de regard des syndicats sur la stratégie de l’entreprise. Cette « qualité du dialogue social » fait défaut en France, où plusieurs exemples récents montrent au contraire que ce type d’accords ne fait souvent que repousser les échéances.

L’exemple le plus frappant est celui de Continental, où les salariés
ont accepté des baisses de rémunérations et des aménagements du temps de travail, qui n’ont pas empêché les licenciements.

Le risque est grand aussi que les donneurs d’ordre imposent à leurs sous-traitants la signature de tels accords, en exerçant un chantage indirect à l’emploi.
Il faut savoir aussi que les salariés allemands ont vu leur pouvoir d’achat à peu près gelé depuis plusieurs années. En dehors des noyaux durs industriels, on a assisté à une montée impressionnante des emplois à temps partiels et des très bas salaires, au point que l’on dénombre désormais plus de 12 millions de pauvres en Allemagne.

Cet arrangement n’est donc pas gagnant-gagnant et sa transposition
en France aurait des effets récessifs, parce que l’activité économique y est tirée par la consommation à la différence de l’Allemagne.

 Par rapport à l’arsenal dont disposent déjà les entreprises françaises (annualisation, chômage partiel, CDD, intérim, heures upplémentaires), la vraie innovation serait juridique.

Dans l’état actuel du code du travail, de tels accords impliqueraient une modification substantielle du contrat de travail, nécessitant l’assentiment individuel de chaque salarié. Pour contourner cette contrainte, il faudrait une réforme du droit du travail que le
Premier ministre vient d’annoncer, mais qui laisse peu de place au dialogue social que le sommet était censé relancer.

On oublie trop souvent que les dividendes sont aussi un élément du prix et donc de la compétitivité. Mais l’actionnariat est le grand absent du projet. On pourrait pourtant concevoir des pactes comportent un volet de « modération actionnariale ». Comment en effet demander aux salariés d’accepter une baisse de rémunération si les dividendes continuent à être distribués au même rythme ? Plus fondamentalement, la période ouverte par la crise pose à nouveau la question d’un statut du salarié assurant la continuité du revenu et des droits.

Article publié le 21 janvier 2012.


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