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Retraites : l’enjeu historique des limites.

Mireille Bruyère, économiste, maître de conférences à l’Université Toulouse Jean Jaurès, tribune paru dans l’hebdomadaire Politis.

L’attaque contre le système des retraites est purement politique, avec un gouvernement ayant très bien compris que nous sommes entrés dans une ère de croissance économique et de gains de productivité faibles.

La proposition de réforme des retraites du gouvernement est une attaque contre le principe de solidarité et de protection sociale à la base de notre régime par répartition. Elle fait surtout payer le coût de la réforme aux personnes à bas salaires et ayant commencé à travailler tôt.

Elle accélère la baisse en cours du niveau de vie des retraités par rapport aux actifs.

C’est une attaque d’ampleur contre la protection sociale qui ne peut s’expliquer par la seule recherche d’équilibre financier du régime, car celui-ci est faiblement déficitaire à moyen terme. La raison de l’attaque est proprement politique.

En effet, le gouvernement a très bien compris que nous sommes entrés dans l’ère de la croissance économique et des gains de productivité faibles, voire nuls, avec des récessions brutales plus fréquentes liées au surgissement d’événements géopolitiques et écologiques.

Ce fait sociétal rend encore plus cruciale la répartition primaire du produit social sous sa forme économique (le PIB). Il devient évident pour les élites économiques et politiques que le simple maintien du régime de retraite actuel augmente mécaniquement la part des pensions dans le PIB avec des gains de productivité faibles ou nuls. (1)

Mais ils vont plus loin car, pour maintenir les taux de rentabilité du capital passés, et donc supérieurs à la faible croissance, il faut bien venir rogner sur la part salariale et donc modifier la répartition fondamentale entre travail et capital, celle qui se fait au cœur du rapport de production.

Le capitalisme touche les limites écologiques et sociales, c’est avéré par le ralentissement de la croissance économique et de la productivité, poussant les enjeux de répartition à s’approfondir même en restant dans le même régime institutionnel. C’est certainement pour cela que les attaques contre les retraites et l’assurance-chômage sont fortes et simultanées.

Le prix social du statu quo monte en flèche. C’est vrai aussi pour le travail. Défendre le maintien du niveau de protection sociale, sans croissance économique, c’est remettre en question fortement non seulement les inégalités de revenus, mais aussi la répartition entre travail et capital, en augmentant la part du travail, c’est-à-dire en modifiant les rapports de classe.

Les limites écologiques et sociales nous conduisent à approfondir les enjeux des luttes sociales.

Les limites écologiques et sociales nous conduisent à approfondir les enjeux des luttes sociales. La défense de la protection sociale demandera une augmentation de la conflictualité sociale et politique ; une visée défensive peut être alors le germe d’une visée plus révolutionnaire.

À nous de relever le défi et de lier la bataille des retraites et de la protection sociale à une transformation profonde du travail, de son contenu, de sa division et de ses finalités, sans en rester à la seule question de l’âge de la retraite ou de la durée de l’assurance-chômage. Partir de la projection sociale pour définir un autre travail dans une autre société.

(1) Lire « Les retraites dans une perspective sociale et écologique », Jean-Marie Harribey, juin 2022.

Article publié le 22 janvier 2023.


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